Le streaming contribue à la reprise mondiale des revenus pour les auteurs. Les chiffres de croissance dissimulent une réalité belge douloureuse.
octobre 26, 2023

Les revenus de droits d’auteur ont augmenté d’un quart dans le monde. Un constat réjouissant qui fait oublier le coup dur de la crise sanitaire mais qui occulte les nouveaux défis auxquels sont confrontés les auteurs belges. Ils reçoivent toujours beaucoup moins de revenus du streaming que leurs homologues en France ou aux Pays-Bas. De plus, les revenus provenant de la radio et de la télévision augmentent à peine et, contrairement à la tendance mondiale, les auteurs dépendent encore largement des concerts en live.

 

La  CISAC, la Confédération internationale des sociétés d'auteurs, publie son Global Collection Report (rapport sur les collectes mondiales de droits d’auteur) pour 2022. Ce rapport est l'un des baromètres de l'état de l'économie mondiale culturelle et créative. Avec 26,7% de revenus de droits d'auteur en plus (par rapport à 2021), les résultats sont positifs et le secteur culturel s'est remis de la crise sanitaire. Toutes les régions et toutes les disciplines progressent. 

 

Le streaming supplante la radio et la télévision 

Les revenus numériques provenant du streaming et de la vidéo à la demande (VOD) prennent désormais le pas sur ceux de la radio et de la télévision. Avec 4,2 milliards d'euros, ils représentent la majeure partie des revenus (35%), soit le double par rapport à 2019.

 

Le marché numérique n’est pas équitable pour les auteurs belges
 
La Sabam, la société belge des auteurs, a fait état d’une croissance similaire pour 2022, avec une augmentation de 23% des revenus. Mais en Belgique, la part de l’exploitation numérique est limitée à seulement 10% des revenus.

Cette croissance globale dissimule donc de grandes disparités. Les auteurs de renommée internationale récoltent les fruits de la croissance du marché du streaming, tandis que la grande majorité de nos auteurs belges sont encore trop souvent privés de leurs droits. Les causes ? Le marché belge est petit et fragmenté, avec d'énormes différences entre le Nord et le Sud du pays. Et surtout ... nous tous, qui sommes toujours moins enclins à payer pour un abonnement de streaming que nos voisins. 

La croissance des droits d'auteur se concentre donc de plus en plus sur un petit groupe de méga-stars qui ont percé sur le marché mondial du streaming, tandis que pour l'auteur moyen, les revenus du secteur live n'ont pas encore atteint les niveaux de 2019.

 

Menaces cachées 

En ce qui concerne la situation belge, le rapport de la CISAC ne met pas suffisamment l'accent sur les principales menaces qui se dissimulent derrière les chiffres de croissance mondiaux.
 
Tout d'abord, nos auteurs voient le potentiel de l'intelligence artificielle mais s'inquiètent de l'absence d'un cadre réglementaire approprié. Ils sont également de plus en plus souvent confrontés à des contrats dans lesquels ils sont payés pour la création de leur œuvre, mais ne participent pas ou de manière insuffisante à son exploitation. Aussi, les radiodiffuseurs diffusent de plus en plus de contenus par le biais de différents canaux mais la rémunération des auteurs de ces œuvres ne suit pas la même tendance. Enfin, les réalisateurs et les scénaristes ne sont toujours pas associés aux revenus cinématographiques de leurs films à succès provenant de la vente des tickets de cinéma.

 


La croissance mondiale des revenus du streaming ne se reflète pas en Belgique. Par conséquent, la situation pour nos auteurs semble un peu plus sombre. Nous devons tout mettre en œuvre pour faire également augmenter ces revenus dans notre pays et pour nos auteurs, même si cela ne suffit pas en soi. Nous ne devons pas nous laisser aveugler par la hausse mondiale des revenus du streaming, mais nous devons maintenant agir pour protéger notre économie culturelle et créative locale.

C'est aujourd'hui que nous déterminons à quoi ressemblera demain. Nous appelons les décideurs politiques à prendre des mesures et à élaborer rapidement un cadre réglementaire solide dans lequel l'IA peut être utilisée pour renforcer la créativité humaine, plutôt que de la restreindre ou de la remplacer. Ce n'est que de cette manière que les créateurs et les outils d'IA pourront tirer le meilleur parti les uns des autres.

Steven De Keyser, CEO de la Sabam. 

 

Lisez ici le rapport complet Global Collection Report de la CISAC

 

À propos de la CISAC  

CISAC est l’acronyme de : Confédération internationale des sociétés d’auteurs et de compositeurs. Il s’agit du premier réseau mondial de sociétés d’auteurs. Elle protège les droits et représente les intérêts des auteurs par l’intermédiaire de 225 sociétés dans 116 pays. Elle représente plus de cinq millions d’auteurs individuels de musique, d’œuvres audiovisuelles, de théâtre, de littérature et d’arts visuels.
 

share

À propos de la Sabam

La Sabam est la société belge des auteur·e·s, compositeurs/trices et éditeurs/trices. Elle accompagne ses membres dans la valorisation de leurs droits et les soutient dans la création, la promotion et la diffusion de leurs œuvres en Belgique et à l’étranger. Active dans 5 disciplines artistiques (musique, cinéma & télévision, théâtre & danse, arts visuels et littérature), elle participe au développement de l’économie du secteur culturel et artistique. Elle représente également les droits d’auteur étrangers sur le territoire belge grâce à une étroite collaboration avec ses sociétés sœurs. En 2021, elle a réparti plus de 108 millions € en droits d’auteur et a soutenu presque 900 initiatives culturelles.

Contact de presse :

Olivier Maeterlinck
Tel: 02 286 83 83 
press@sabam.be