Photo Le Havre
Prix SFC Arts visuels 2019 : le conte photographique de Philippe De Gobert
décembre 16, 2020

Contre vents et marées, le mois de décembre reste un mois de fête. Et la Sabam continue de « fêter » ses auteur.e.s en leur décernant ses prix Sabam for Culture. Le prix SFC « Arts visuels » 2019 vient d’être décerné au photographe Philippe De Gobert, pour sa série photographique (issue d’une commande) « Le Havre, la ville reconstruite », exposée à Paris-Photo en 2019. C'est grâce à la galerie Aline Vidal à Paris que l'artiste a pu participer à l'événement et ainsi obtenir une meilleure visibilité pour son oeuvre. 

Contexte sanitaire oblige, pas de remise de prix en grandes pompes cette année. C’est au travers d’un entretien écrit avec Christine Bluard que l’artiste s’exprime sur sa carrière, son art et ce prix. Il y fait également part de ses inquiétudes pour ses jeunes collègues artistes.

 

 

Comment se passe votre travail en cette période singulière ?

Pour moi, il n’y pas de réel changement. Je suis habitué à travailler seul. Il y a moins de demandes pour mon travail « alimentaire ». J’ai donc plus de temps pour le projet d’exposition en cours. Si je ne suis pas directement affecté, je suis en revanche très inquiet pour mes confrères/consœurs en difficulté dans le monde du spectacle et des arts plastiques. Eux/Elles sont en danger. 

 

Le prix couronne l’année 2019. Quelle a été votre actualité en 2019 ?

L’année 2019 a été tout entière consacrée à ce projet d’exposition au musée d’Art Moderne du Havre, un musée riche en tableaux impressionnistes et en particulier d’Eugène-Louis Boudin. La directrice du musée avait repéré mon travail sur New-York lors de l’événement Paris-Photo (en 2017) et m’a invité. Une exposition, c’est deux ans de travail. Mon temps se partage alors entre les projets artistiques et le travail de photographe, indispensable, plus alimentaire. Le travail d’artiste ne se suffit pas à lui-même. 

 

Pourriez-vous dire un mot sur le projet de l’exposition qui devrait ouvrir au Havre en mai 2021 ?

C’est une exposition intitulée : « Du merveilleux en architecture à un conte photographique », en deux parties. La première concentre mes préoccupations sur l’architecture et la seconde est un conte basé sur une série d’images de la reconstruction du Havre par Auguste Perret ; c’est un conte, je prends donc beaucoup de liberté par rapport à l’histoire mais j’ai aussi passé beaucoup de temps (et de plaisir) à le documenter. 

 

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas votre travail. Pourriez-vous le présenter, en donner des clés ?

Je suis au départ un sculpteur, formé fin des années 1960, époque du Pop art et des assemblages d’objets. Ce travail a évolué vers la construction de maquettes. Mes deux premières maquettes étaient : l’appartement de Tintin, rue du Labrador, et la reconstitution de la chambre de Van Gogh à Arles, d’après son tableau (d’où mon intérêt pour les ateliers d’artistes). Je ne saurais plus dire laquelle a précédé l’autre. Mes maquettes sont toujours à des échelles petites, elles entrent dans une boite à chaussures. Comme je suis aussi photographe et intéressé par l’architecture, je joue sur les échelles et photographie mes maquettes : des photos grand format de constructions en modèle réduit. Cette étrangeté m’intéresse. Le modèle réduit est une contrainte car les détails sont moins précis et les défauts plus visibles lorsqu’on les photographie. Je travaille, un peu comme au cinéma, sur des décors et à l’image, je change l’échelle, jouant avec les règles de la construction.

 

À l’annonce du prix Sabam for Culture « Arts visuels 2019 », votre réaction première a été l’inquiétude pour les artistes et leur statut. Un message à adresser la Sabam ?

Oui, si la Sabam veut répercuter une partie des revenus de droits d’auteur pour soutenir les artistes, c’est une bonne chose mais la priorité est d’aider des jeunes artistes pour leur donner du temps et des moyens pour produire. Ce besoin est encore plus criant aujourd’hui, car les galeries ont de moins en moins de ressources pour aider à la production. Le statut des artistes en Belgique n’a jamais été réglé. C’est particulièrement vrai pour les plasticien.ne.s qui n’ont d’autres solutions que de s’affilier à un syndicat d’artistes ou de devenir indépendant.e.s. Le statut d’intermittent.e.s serait évidemment plus réaliste. Un.e artiste plasticien.ne met souvent plusieurs années avant de produire une exposition où il/elle espère vendre.

 

Photo : (c) Philippe De Gobert

 

 

 

 

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