Étude européenne sur le streaming musical : l’auteur n’y trouve pas encore son compte
septembre 28, 2022

Le GESAC présente aujourd’hui son étude européenne sur le streaming musical. Résultat : un déséquilibre total du partage des revenus, l’absence de diversité et un manque cruel de valorisation des créations. La Belgique fait quant à elle face à des obstacles supplémentaires liés aux spécificités de son marché et de son identité culturelle. L’enquête, qui analyse en profondeur les dysfonctionnements empêchant les créateurs d’évoluer durablement sur un marché en plein essor, lance également des pistes pour équilibrer la balance et rendre l’écosystème du streaming musical « creator-friendly ».

Un déséquilibre total

L’enquête du GESAC identifie certains des obstacles à la rémunération correcte des créateurs. On constate, par exemple, que la valeur du contenu musical est décroissante. Le tarif de base d’un abonnement de streaming musical de 9,99€ n’a pas évolué depuis 2006 et le revenu moyen par auteur n’a cessé de diminuer en 15 ans. On sait également que 93% des artistes présents sur Spotify ont moins de 1.000 auditeurs par mois, ce qui pose un réel problème de diversité. Sans compter les problème systémiques et le manque de transparence des algorithmes utilisés pour mettre en avant les artistes. L’enquête révèle également un véritable déséquilibre au niveau du partage des revenus. En effet, 30% des revenus générés restent dans les caisses des plateformes de streaming, 55% vont aux labels, contre 15% aux auteurs et éditeurs.

Le président du GESAC, Gernot Graninger (CEO de AKM et AustroMechana) note : "Nous ne pouvons plus accepter un modèle économique qui, malgré une augmentation exponentielle des utilisateurs et de l'offre, est incapable de rémunérer correctement les créateurs. Nous devons faire croître la part globale des revenus et remédier aux déséquilibres et dysfonctionnements systémiques dans le fonctionnement des plateformes online, afin que les auteurs et compositeurs puissent bénéficier plus favorablement du succès de ce marché en pleine croissance".

La complexité du marché belge

À côté de ces difficultés, la Belgique doit aussi faire face à ses propres problématiques. Premièrement, la taille du marché belge est plus réduite que celle d’autres pays, mais elle est également plus complexe. Trois cultures différentes au sein d’un petit pays limitent le taux de pénétration. Deuxièmement, la Belgique comptabilise un trop grand nombre d’abonnements gratuits par rapport à d’autres pays. Sachant qu’un abonnement gratuit rapporte 10 fois moins aux auteurs qu’un abonnement payant, l’impact économique est énorme. Enfin, le Belge consomme trop peu de musique locale. Un facteur déterminant dans l’économie du streaming puisque plus nous consommons de musique étrangère, plus nous envoyons d’argent aux auteurs d’autres pays.

Steven De Keyser, CEO de la Sabam : « Actuellement, le marché du streaming ne rémunère pas nos auteurs à leur juste valeur. La résolution de ce problème nécessite une prise de responsabilité commune qui implique que tous les acteurs poussent dans la même direction. » Plus de financement et de promotion de la culture locale par les politiques. Plus d’éducation aussi : les utilisateurs doivent se rendre compte que leurs habitudes de consommation de la musique online ont un impact sur toute une économie. Enfin, les entreprises ont également un rôle d’incitant à jouer : prenez l’exemple de KPN aux Pays-Bas, qui a intégré l’abonnement payant Spotify à son offre mobile. « Nous avons besoin d’incitants économiques pour faire évoluer le marché belge et augmenter le taux de pénétration, KPN en est est un bon exemple. Mais il faut également inciter à consommer plus local et conscientiser les utilisateurs à l’importance de payer pour la musique qu’ils écoutent. Il y a un rôle d’éducation au sens large qui doit venir se greffer au travail de fond que nous menons à la Sabam, que ce soit au niveau politique ou au niveau des négociations avec les plateformes de streaming » ajoute Steven De Keyser.

Un marché en pleine croissance

Le streaming est devenu la principale forme de consommation musicale. Il représente désormais 68% de l'engagement musical global, compte plus de 524 millions d'abonnés et offre plus de 70 millions de titres musicaux. Véronique Desbrosses, Directrice Générale du GESAC déclare : "Il est temps d'envisager un marché plus équilibré et durable qui ne laisse pas de côté les créateurs qui alimentent cette économie florissante. L'étude fournit aux décideurs européens un aperçu utile du marché ainsi qu'une approche constructive pour la mise en place d'un écosystème de streaming musical plus favorable aux auteurs et plus diversifié sur le plan culturel".

L'étude a été commandée par le GESAC et préparée par Emmanuel Legrand, journaliste et expert du secteur de la musique. Ce dernier a réalisé une analyse de marché approfondie basée sur des études économiques existantes, des études de marché, ainsi que des entretiens et des contacts directs avec un grand nombre de professionnels du secteur de la musique, de services de musique online, de créateurs et d'entreprises de technologie musicale.

L'étude complète, ses principaux enseignements, ainsi qu'un document FAQ avec les principales conclusions de l'étude sont disponibles sur le site du GESAC.

share

À propos de la Sabam

La Sabam est la société belge des auteur·e·s, compositeurs/trices et éditeurs/trices. Elle accompagne ses membres dans la valorisation de leurs droits et les soutient dans la création, la promotion et la diffusion de leurs œuvres en Belgique et à l’étranger. Active dans 5 disciplines artistiques (musique, cinéma & télévision, théâtre & danse, arts visuels et littérature), elle participe au développement de l’économie du secteur culturel et artistique. Elle représente également les droits d’auteur étrangers sur le territoire belge grâce à une étroite collaboration avec ses sociétés sœurs. En 2021, elle a réparti plus de 108 millions € en droits d’auteur et a soutenu presque 900 initiatives culturelles.

Contact de presse :

Olivier Maeterlinck
Tel: 02 286 83 83 
press@sabam.be